Elleonor Laurence Raven (terminé)

« personne n'est parfait. d'autant plus lorsqu'on est un jeune sorcier comme vous & moi. ce jour- là, pour une raison particulière, vous avez voulu jeter un sort. seulement, rien ne s'est déroulé comme prévu..»

Je me souviens de ce jour, comme si c'était hier. Je n'étais pourtant qu'en quatrième année au Collège de Sorcellerie Poudlard. J'étais déjà très impulsive à cette période, peut être un peu plus que maintenant. Il me semble d'ailleurs, que c'est suite à cet évènement que mon comportement a changé, je me suis assagie. Peut être est-dû au fait que, alors que l'on est âgé de treize, quatorze ou même quinze ans, la vie nous semble injuste, c'est ce que nos parents appellent « la crise d'adolescence ». Ensuite nous nous assagissons, heureusement pour eux, je pense. Bref. J'étais arrivée à Poudlard, la veille de l'incident. Les cours n'avaient pas encore repris, vous savez tout aussi bien que moi comment les choses se déroulent, les élèves arrivent mais ont droit à deux ou trois jours de transition entre les vacances et la reprise des cours. J'aime beaucoup ces derniers jours de vacances, passés à Poudlard, en compagnie de mes amis et camarades de maison. C'est le moment où nous pouvons prendre le temps de discuter de nos vacances, partager des souvenirs et autres, sans avoir à remettre à plus tard la conversation à cause d'un devoir de Botanique ou de Potions par exemple. C'est ce côté convivial et chaleureux que j'aime plus que tout autre à Poudlard. Je m'égare un peu, encore une fois. Je me trouvais dans la Salle Commune de ma maison, il était aux environs de vingt heures. Je pensais à ma famille. Mes parents, mon frère, ma sœur, ils me manquaient déjà. Nous étions très proches, une famille unie et soudée. Mon frère, ma sœur et moi passons toujours de bons moments, puisque nous n'avons que peu d'années d'écart. Tous deux sont jumeaux, et n'ont que deux ans de plus que moi, ce qui explique notre complicité. A Poudlard, nous avions dîné, mais l'heure du couvre-feu n'était pas encore dépassée. Enfin, couvre-feu ou non, il est rare que j'y pense avant d'aller faire une promenade nocturne dans les couloirs du château. Car oui, je suis une adepte de l'irrespect des règlements. J'aime enfreindre les règles, pas toutes on est d'accord, mais certaines contraintes de notre règlement intérieur sont si inutiles que je me demande même si elles ne sont pas écrites dans le seul but d'être enfreintes. La réputation de ma fratrie m'avait d'ailleurs succédée, les professeurs m'avaient à l'oeil, sous prétexte que mon nom de famille était loin de leur être inconnu. D'ailleurs, je me souviens d'avoir souvent participé à des virées nocturnes familiales avec les jumeaux lorsqu'ils étaient encore à Poudlard. Nous passions de bons moments, ainsi que les matches de Quidditch que nous faisions tous les trois. Je saluai donc mes camarades (habitués à mes virées nocturnes quotidiennes), leur souhaitai bonne nuit et quittai la pièce.

Après avoir fait quelques pas, j'entendis une voix masculine derrière moi, qui m'appelait. Je reconnus cette voix immédiatement. Boris Rogers, un élève de Poufsouffle avec lequel le courant ne passerait jamais. Nous nous détestions mutuellement, et ce pour des broutilles. Il était du même âge que moi, et étions tous deux en quatrième année, naturellement. Notre première querelle (qui fut d'ailleurs celle qui détermina notre statut amical, si je puis dire) remontait à notre première année. Boris avait été placé à côté de moi en classe de Sortilèges, pour la simple et bonne raison que son nom suivait le mien dans le registre d'appel qui répertoriait les noms des élèves par ordre alphabétique. Nous ne nous connaissions pas d'avant, et n'avions aucune raison de nous haïr. Le Professeur nous entrainait au premier sortilège que nous devions étudier en ce début de première année, le Wingardium Leviosa. Un sortilège très simple d'ailleurs, que tout élève normalement constitué se devait de réussir du premier coup. Je levai ma baguette, et fit léviter (brillamment d'après les dire du Professeur) la pile de livres qui se trouvait devant moi. Boris quant à lui, éprouvait un peu plus de difficultés à effectuer ce travail. Aussi amicalement et gentiment que possible (car oui, j'étais déjà serviable et avenante à l'époque), je lui proposai mon aide, sans arrière pensée ni sans chercher à le déstabiliser ou à le ridiculiser. J'étais simplement en quête de nouveaux amis, la situation y était propice. Mon voisin de table, frustré d'après ce que j'ai pu comprendre, s'empressa de refuser, m'envoyant méchamment sur les roses. Je n'insistai pas, le laissant se débrouiller seul. Je voulais bien être gentille, mais bien que je n'aimais pas être seule, je n'allai pas m'accrocher à ce garçon sous prétexte qu'il me fallait des camarades. Je passerai volontiers mes instants de solitude à lire ou à travailler. Je n'étais certes pas énormément travailleuse, mais suffisamment studieuse pour obtenir des résultats convenables, c'était tout ce que je demandais. Les minutes passaient, et après trois ou quatre tentatives, sa pile de livres s'éleva dans les airs. Je lui adressai alors un sourire encourageant, comme pour le "féliciter". C'est à cet instant que je compris que j'aurai mieux fait de m'abstenir, il venait (volontairement vu son sourire satisfait) de m'envoyer sa pile de livres en pleine figure. Il fit mine de s'excuser devant le Professeur, puis quitta la salle quand la cloche retentit. A partir de ce moment-là, je me promis de me venger de son attitude du moment, j'étais rancunière et ne manquait jamais d'imagination pour me venger comme il se devait d'être fait. Dans ces cas-là, je pouvais devenir une redoutable peste.

Bien sûr, cet incident n'était pas le principal objet de notre querelle permanente, mais il en avait été l'élément déclencheur. Depuis ce jour, insultes, moqueries et duels se succédaient. Il était aussi arrogant que moi face à ses ennemis, je me montrai provocatrice. Je voulais le défier, le pousser à bout afin de voir quelles étaient ses limites. Je savais très bien que je le réduirai en pièces en duels, puisqu'il fallait être doué en Sortilèges, ce qui était mon cas, contrairement à lui. J'ai cette facilité à repérer les points faibles des gens, et à taper en plein dans le mille. Peut être est-ce dû à mon esprit d'analyse et à mon côté malin. Mais cette nuit là, les choses avaient empirées. Il se moquait de moi, me provoquait, comme toujours. Je ne sais pas ce qui m'était passé par la tête, j'étais furieuse et sortit de mes gonds. J'étais impulsive et parfois irréfléchie, agissait sous l'effet de la colère, ne prenant pas la peine de peser le pour et le contre. J'avais empoigné ma baguette magique avec une poigne de fer, et fit volte face. Je ne m'énervai normalement pas souvent, ou alors ce n'étaient que de brèves colères, mais là, je sentais que je pourrai lui faire énormément de mal bien que les quelques sortilèges que je connaissais étaient inoffensifs, j'aurai pu jeter ma baguette et le frapper à coups de poings. Mais tout de même, j'étais bien décidée à l'envoyer faire un séjour à l'infirmerie. Je le fusillai du regard.

- Qu'est ce que tu veux Boris ? j'avais lâché ces mots avec une telle violence, on en ressentait presque une forme d'arrogance. Mes yeux bleus ne cillaient pas, ils restaient plongés droit dans les siens. J'étais déterminée. Mon ennemi esquissa un sourire, moqueur. On aurait presque pu le prendre pour un Serpentard, tant il s'amusait à me défier du regard. Il avait l'air méchant et provoquant, je pensais même qu'il ne prenait cet air qu'en ma compagnie. Il ne répondit pas, je haussai alors le ton. Les traits enfantins et amicaux de mon visage se durcirent, mes joues pourtant blanches d'habitude tournaient au rouge pivoine, je le sentais. Je n'étais pas gênée, je sentais simplement la colère s'emparer de moi.

- Je répète ma question. Qu'est ce que tu veux ?

- Pourquoi tu t'énerves Raven ? Tu as peur de quelque chose ? il laissa un bref silence s'installer, qu'il rompu un millième de secondes plus tard. Ou peut être as-tu peur... de quelqu'un...

Je cernai une pointe d'ironie et de provocation dans sa voix. Je n'avais jamais été aussi furax, pas même avec lui. Il était certains qu'il ne m'effrayait pas, pourtant, je craignais certaines personnes, on tombait toujours sur plus fort que soi. Néanmoins, Boris n'était pas plus fort que moi, du moins je n'en avais pas l'impression. Son air supérieur m'irritait, à cet instant précis, j'aurai eu envie de lâcher ma baguette et de lui coller une paire de gifles. Je m'abstins et répondit, toujours sur la défensive, après avoir laissé s'échapper un rire forcé de ma bouche fine.

- Tu sais très bien que je n'ai pas peur de toi, Boris, d'ailleurs... personne n'a peur de toi.

J'eus envie d'esquisser un sourire, mais je restais de marbre. J'étais pourtant d'une nature souriante, fière de montrer ma dentition blanche et parfaite, mais rien, l'expression de mon visage ne changeait pas. Il s'apprêtait à répondre à mon attaque, mais je le coupai d'un signe de la main.

- Commence par apprendre à te servir correctement (j'appuyais sur ce mot) de ta baguette, peut être qu'ensuite tu parviendras à mettre quelqu'un mal à l'aise.

Ses yeux me toisèrent, je sentais la colère monter en lui, comme elle s'était emparée de moi quelques instants auparavant. Je ressentis une sorte de fierté, j'avais encore une fois touché le point sensible. Je sentais que les choses allaient dégénérer dans peu de temps, en sept ans, j'avais appris les points faibles de mon ennemi, ainsi que les choses qu'il ne fallait pas dire sous peine de le mettre hors de lui. J'avais évoqué ses difficultés en Sortilèges, alors que ma technique dans cette matière était presque excellente, et il le savait. Nous jouions au jeu du chat et de la souris, à qui sera le meilleur des deux. Je remportait haut la main la victoire en Sortilèges et en Métamorphose, alors que lui excellai en Potions et en Botanique. C'était un fait, et même si je suis plutôt du genre perfectionniste, je ne parvenais pas à le rattraper dans ces deux matières. Alors j'appuyai sur la Défense contre les Forces du mal et sur l'Histoire de la Magie, pour dépasser mon rival. J'étais plus courageuse que lui, peut être plus déterminée aussi, ainsi je n'hésitais pas à passer des heures entières à réciter mes leçons, pour espérer le devancer. Nous étions entrés en compétition depuis notre première année à Poudlard, ce qui était certainement une bonne chose, puisque, l'un et l'autre nous nous tirions vers le haut de cette manière. Je savais que notre septième et dernière année serait décisive, qu'elle marquerait la fin de notre combat scolaire, et que nous saurions (en fonction de nos résultats aux examens), lequel des deux accèderait à la première marche du podium. Je voulais être celle-ci, et j'y parviendrais, quoi qu'il advienne.

Il attaqua le premier, c'était la seule chose que j'attendais. Il tenta de me désarmer, en vain. Je ne comptais pas éterniser le duel, je savais que nous risquerions de nous faire attraper par le concierge ou par un Professeur, je ne voulais pas m'attirer des ennuis dès le premier jour de l'année. Mes parents me réprimanderaient si cela arrivait, je n'avais pas besoin de ça. J'avais toujours été un peu indépendante, parfois insolente, et je n'en faisais qu'à ma tête, ce qui avait énervé mes parents depuis ma plus tendre enfance où j'étais déjà casse-cou et intenable. Je lui lançai le Sortilège du Canari, visant à le transformer en cet animal pendant un petit moment, ce qui m'aurai permis une bonne crise de rire et, je le savais, aurait contraint mon ennemi à capituler, mais je dû me tromper dans la formule, ce qui lui fit pousser des furoncles sur le visage, et lui provoqua des nausées. Je cessai de rire. J'avais tant voulu le conduire vers un séjour à l'infirmerie, mais j'aurai préféré attendre un peu avant... Histoire de ne pas m'attirer les foudres des professeurs dès le début de l'année. Boris était entrain de salir le couloir avec ses nausées, et une mauvaise odeur s'empara des lieux, n'allant pas tarder à provoquer des nausées pour moi aussi... Je l'attrapai par la manche et le tirai au plus vite que je pus en direction de l'infirmerie.

Inutile de vous préciser que je fus contrainte à nettoyer le couloir, et reçu, en prime, une semaine de retenue durant laquelle je devrais, après les cours, nettoyer tous les escaliers du château, la volière et la Salle des Trophées. De plus, ma maison se vit démunie de trente points, alors que nous n'en n'avions pas encore gagné un seul... Heureusement pour moi, mon nom ne fut pas cité et je restai anonyme face à ma punition. C'est peut être une forme de lâcheté, je le reconnais. Néanmoins, j'étais loyale, et bien déterminée à récupérer les points que j'avais fait perdre à mes camarades de maison.